L’hérédité entre Moyen Âge et Époque Moderne. Perspectives historiques,
Études réunies par Maaike van der Lugt et Charles de Miramon
Florence, Sismel, Micrologus Library, 27, 2008, 412 p.
Ce livre trace l’histoire culturelle du concept d’hérédité à la fin du Moyen Âge et au début de l’Époque moderne, en croisant médecine, science, théologie, droit, théorie politique et historiographie.
Certes, il n’existe pas alors de théorie générale de l’hérédité. La société médiévale est fondée sur la parenté et l’héritage; une idéologie cohérente qui justifierait ce fonctionnement fait pourtant défaut. Les discours savants restent souvent hostiles à l’hérédité. La médecine et la physiognomonie se concentrent sur l’individu, écartant souvent le déterminisme parental. Le discours sur la noblesse exalte la vertu personnelle et déprécie les ancêtres. La théologie chrétienne insiste sur l’unité du genre humain, tendance encore renforcée par la philosophie aristotélicienne. Néanmoins, comme le montre également ce livre, c’est bien au Moyen Âge que prennent forme plusieurs concepts et termes qui constitueront, plus tard, des éléments clefs du paradigme héréditaire. Ainsi, c’est à cette époque que naît le concept juridique de consanguinité dans un sens biologique. C’est alors que se forge le terme de ‘race’, que l’on anoblit certains types de chiens et d’oiseaux et que se dessine le concept du sang noble. Certains théorisent également l’idée que la discrimination sociale, comme celle des juifs, s’expliquerait en partie par une constitution physique spécifique. C’est encore au Moyen Âge que les médecins commencent à qualifier certaines maladies d’héréditaires. La rupture entre Moyen Âge et Époque moderne était souvent supposée sans être véritablement examinée. La chronologie large de cet ouvrage permet d’être sensible tant aux continuités qu’aux changements et de nuancer l’importance de la découverte de l’Amérique pour l’histoire de l’hérédité.